C’est à un jeu de casino emblématique que je m’intéresse pour ce projet. L’objet central est une machine à sous profondément modifiée. Parmi la large gamme des machines à sous existantes un modèle me semble convenir plus particulièrement : la machine à rouleaux, fréquemment dénommée “bandit manchot” (One-armed bandit). Ce nom vient très simplement de la longue poignée qui à la manière d’un bras orne son flanc droit. L’interface retenue est la machine baptisée Rich and famous fabriquée par la firme américaine basée à Las Vegas, Bally.
L’idée générale est de transformer cette machine en une interface compositionnelle de courtes pièces audio-visuelles. Il ne s’agit pas “de peindre sur le hasard” mais de composer, en interaction avec la machine et le hasard, une pièce musicale et vidéo. En utilisant et en détournant les capacités distributives aléatoires initiales de cet objet il est possible de la transformer en un générateur particulièrement efficient de compositions ludiques.
La machine Rich and Famous vise tout d’abord à reproduire informatiquement, à l’aide d’algorithmes, la procédure de distribution des figures propres aux véritables machines à sous. En lieu et place des rouleaux mécaniques se trouve un premier écran vidéo sur lequel une animation 3D reproduit des rouleaux. De minuscules séquences vidéos d’une durée approximative de une à trois secondes, accompagnées de leurs sons respectifs sont ici substituées aux symboles figés habituellement rencontrés sur les rouleaux mécaniques (chiffres, figures des jeux de cartes, fruits, etc…). Ces séquences sont réalisées en filmant autour des différentes tables de jeux. Elles présentent des détails d’actions réalisées en situation de jeux.
En guise d’action c’est plus particulièrement la gestuelle extrêmement précise des mains des joueurs et des croupiers qui m’intéresse. La mise en boucle de ces micro-séquences vise à renforcer l’hypnotisme de la répétition en scène dans la plupart des jeux. La rotation des rouleaux, la rotation de la roulette, la chute des dés, la distribution des cartes, tout dans le rituel de ces jeux tend à capter l’attention et à hypnotiser par la répétition de gestes et de mouvements
Dans un second temps un deuxième écran placé dans la partie haute de la machine permet de visualiser le résultat du tirage au sort. La combinaison tirée détermine une composition audio-vidéo plus ou moins soumise à une déconstruction aléatoire influant sur la durée, l’organisation et la qualité de l’image. Une bande vidéo écrite s’affichera en cas de Jackpot et servira de base aux déconstructions qu’opérera la machine dans les autres cas.