Ce programme nous invite à découvrir un aperçu des productions issues du Studio national des arts contemporains – Le Fresnoy. Cet établissement est né, en 1997, de la volonté du ministère de la Culture et de la Communication d’implanter dans le nord de la France, un établissement supérieur d’enseignement artistique d’un type nouveau, pôle d’excellence d’envergure nationale et internationale. Sa pédagogie, principalement fondée sur la production d’œuvres de toutes sortes dont le point commun est l’intégration de techniques audiovisuelles professionnelles, en fait un lieu de production, d’expérimentation et de diffusion totalement inédit.
Chaque année, Le Fresnoy produit plus de 50 œuvres, dans tous les domaines de la création artistique contemporaine - cinéma, photographie, arts plastiques, spectacle vivant, musique - avec des moyens et des collaborations qui visent à se rapprocher autant que possible des conditions professionnelles. La vocation du Fresnoy est de permettre l’émergence d’œuvres innovantes, notamment celles intégrant les outils de la création numérique et du multimédia. Les projets artistiques génèrent ainsi régulièrement des développements informatiques en collaboration avec des laboratoires de recherche ou des entreprises du secteur privé. Le Fresnoy est également un lieu de prospective intellectuelle : des colloques, conférences ou ateliers donnent lieu à des travaux sur des thèmes intéressant la création contemporaine mais aussi d’autres champs de réflexion, notamment scientifiques - sur la question de la plasticité ou des relations entre art et technologies.
A travers les quelques films et vidéos présentés ce soir ce sont différents regards portés sur la ville ces vingt dernières années, par les étudiants de cet établissement, qui nous sont donnés à découvrir. Ces œuvres nous dévoilent tour a tour, une ville aussi attirante que captivante, fascinante et ambivalente. Parfois lieu de passion, d’émerveillement et source d’espoir elle est aussi, au contraire, trop souvent le lieu de désillusions, d’angoisses et même d’effrois.
Copan, Bernardo Spinelli
Brésil / France - 2004 - 18 min - couleur
Ce court métrage tourné en pellicule, se veut une lecture personnelle de la ville de São Paulo, à partir de l'évocation d'un bâtiment résidentiel, l'Edifício Copan, situé au coeur de la ville. Le bâtiment créé par l'architecture Oscar Niemeyer accueille environ cinq mille habitants dans ses 1100 appartements. Les personnages de cette fiction sont deux garçons et une fille, jeunes habitants de ce bâtiment et de cette ville qui interagissent entre eux et réagissent à l'endroit où ils vivent.
Vuan, Guillaume Meigneux
France, 2008, 4mn.
Les fonds de tiroirs des architectes sont des plus variés. Les fonds de tiroirs des architectes sont des plus particuliers… Ils recèlent d’histoires et de vies prisonnières d’une architecture qui n’a jamais vu le jour. Sorte de revanche cinématographique sur la réalité, la série VUAN explore ce que nos environnements urbains non pas été … Le projet VUAN met en dialogue trois types d’images :
-l’image descriptive (le contexte urbain, image vidéo)
-l’image projectile (le concept du projet d’architecture, image virtuelle)
-l’image narrative (les personnages qui évoluent dans l’espace, image HD sur fond bleu)
L’école d’architecture de Marne la Vallée de Bernard Tschumi est le cadre idéal pour illustrer ce propos. Grand complexe universitaire, l’école n’a été construite qu’à moitié…
Laissant dans l’imagination de chacun ce qu’elle pouvait être dans sa globalité.
Phone tapping (les écoutes fantomatiques), Hee Won Navi LEE
France, 2009, 10 mn.
Le film est construit à partir d’un moment de bascule imperceptible qui nous mène du jour vers la nuit, un instant fugace où ce qui a été n’est plus, où les choses peuvent revêtir une autre signification. Plusieurs voix-off qui se croisent par le téléphone portable sur les écoutes téléphoniques, qui parlent de fantômes, nous guident à travers la ville, tandis que la caméra semble en quête d’une parcelle de territoire,
d’une concordance récit – image. La topographie du lieu s’avance et se construit en parallèle d’une autre topographie, elle mentale, jusqu’à, peut-être leur rencontre, quelque part ici, dans un nouvel espace psychique. Une histoire personnelle se livre à travers la ville de Séoul, à nous de la suivre et de choisir le terrain d’interprétation : vérité, conte (urbain)…
Tehran-Geles, Arash Nassiri
France, 2014, 18 mn.
Les enseignes nocturnes de Téhéran sont incrustées sur des images aériennes de Los-Angeles. Durant ce vol, des enregistrements téléphoniques nous racontent des souvenirs qui ont eu lieu à Téhéran.
Ces histoires nous renvoient au passé de cette ville.
Dans les années 70 et 80, la réalité de la vie américaine était projetée sur le tissu social et urbain de la ville. La musique, les vêtements, les voitures, boulevards et autoroutes faisaient écho à ce mode de vie. Avec la révolution cette période s’est terminée.
A la manière du cinéma de science-fiction, où le présent d’une ville est projeté dans le futur, cette vidéo projette le passé de Téhéran dans le présent, en utilisant Los Angeles comme décor.
Entre temps, Ana VAZ
France, 2012, 12 mn.
Une méditation et une rêverie sur une ville à la fois réelle et imaginaire. Conçu comme un documentaire sur les ZUP françaises, le film prend finalement la forme d’un affrontement poétique avec la psycho-géographie d’une Europe contemporaine en crise. Un requiem pour une ville rêvée dans l'entre temps de son passé et son présent.
À travers d’une ville construit comme un dévoiement et une conséquence du planning urbain moderniste, le film s’approprie de la ville comme une toile du fond pour méditer sur le décès des projets utopiques, source de désenchantement pour une génération déplacée cherchant à se construire. Le film dialogue avec la ville comme un endroit réel et imaginaire qui peut révéler à travers de l’interprétation de son passé et son présent le symptômes and l’histoire de ce procès de décès.
Under construction, Zhenchen Liu
France, 2007, 10 mn.
Pour suivre la planification actuelle du gouvernement et des promoteurs immobiliers de Shangaï, chaque année, presque 100 000 familles sont obligées de déménager, parce que leur maison est détruite. Composé de photos animées avec des vidéos documentaires, “Under construction” propose un plan-séquence à travers la destruction d’un quartier de Shangaï…
Fragment of destruction, Anna Katharina Scheidegger
France, 2004, 6 mn.
Fragments_of_destruction propose une balade dans une façade de maisons murées à Roubaix. A travers des fenêtres cassées on aperçoit les traces d’intérieurs dégradés et de la nature qui commence à s’imposer. Par son esthétique, il transcrit un sentiment d'abandon mêlé à une beauté organique. Le film se termine avec la vue sur le seul appartement encore habité.
Le film, tourné en banc titre à partir d’une seule photo se situe entre le cinéma et la photographie. Il interroge la suspension d'un temps lié à la transformation.
"La totalité des sons de la composition, dérivent d’une seule et même source sonore. La chanteuse Eugénie Levèbre est partie d’une partition composée de phrases musicales et d’interjections qui ont été enregistrées dans une usine en friche de la région. De fait l’environnement sonore de ce lieu considéré à priori comme parasite a été intégré comme élément intrinsèque dans la composition. D’autre part, aucune manipulation électronique tels que filtres, transformation de vitesse, changement de fréquence etc. n’ont été utilisés. Il s’agit avant tout de musique concrète."
Sidney Corbett, compositeur pour Fragments_of_destruction
Rewritable, Loïc Bontems
France, 2005, 8 mn.
Une relecture du cinéma hollywoodien sous la thématique de la catastrophe.